Écoconstruction Innovation

Défi 2030 : un pas de plus pour la planète

Écrit par Marie-Pier Germain

Depuis quelque temps, le Défi 2030 est très présent sur la scène médiatique québécoise. Il aura fallu que des artistes sortent sur la place publique pour que tout le monde en parle. Pourtant, les premiers gestes s’y rattachant datent de 2002.

C’est l’architecte Edward Mazria qui en a été le précurseur en fondant l’organisme à but non lucratif (OBNL) Architecture 2030. Cet OBNL a comme mission de contribuer à la transformation rapide de l’environnement bâti pour réduire les gaz à effet de serre (GES).

Graphique défi 2030
Graphique défi 2030

Quelques statistiques

Lancé officiellement en 2007 par Architecture 2030, le Défi 2030 vise à éliminer les GES générés par les constructions neuves et les rénovations majeures d’ici l’an 2030. Au Canada, les bâtiments sont responsables d’environ la moitié des GES, arrivant bons premiers devant les secteurs du transport et de l’industrie.

Les prévisions chiffrent à près de 900 milliards de pieds carrés de bâtiments sur la planète pour 2030. En Amérique du Nord, on prévoit que la consommation énergétique augmentera de 37 %, et les émissions de GES de 36 %. Ces données montrent à quel point il est nécessaire et pressant d’agir. Les actions pour le volet « bâtiments » peuvent se faire à trois niveaux : au moment de la conception, lors de la construction et au moment de l’exploitation des bâtiments. Ainsi, tous les acteurs de l’industrie de la construction et même les consommateurs peuvent mettre la main à la pâte afin d’atteindre les cibles dictées par le Défi.

Les cibles à atteindre

Pour assurer le succès et mesurer les impacts des gestes posés, le Défi 2030 s’est doté de cibles palliatives à atteindre. Dans le but de diminuer la consommation d’énergies fossiles par les bâtiments conçus versus la moyenne des constructions de même type par région, on visait une diminution de 60 % en 2010 et de 70 % en 2015. Pour 2020, la cible est de 80 %, puis de 90 % pour 2025 et, finalement, des bâtiments neutres en carbone pour 2030.

Les sources d’énergie à proscrire

Cibles à atteindre
Cibles à atteindre

Que veulent dire exactement les expressions « neutre en carbone » ou « carboneutre »? Ces expressions signifient que la conception, la construction et l’exploitation des bâtiments n’auront plus à s’alimenter en énergie provenant de combustibles fossiles et, conséquemment, n’émettront plus de GES.

Ces sources d’énergie sont à proscrire, puisqu’elles ne sont pas renouvelables. On parle de millions d’années avant leur renouvellement. Elles se consomment donc beaucoup plus rapidement qu’elles se renouvellent. Parmi les combustibles fossiles les plus connus, on retrouve le pétrole, le charbon et le gaz naturel. Ces trois sources d’énergie ont un rapport H/C (hydrogène/carbone) très élevé et sont en grande partie responsables du réchauffement climatique, par l’émission des GES.

Les sources d’énergie à privilégier

Les sources d’énergie renouvelables, c’est-à-dire que leur renouvellement naturel est rapide et inépuisable, doivent être mises à l’avant-plan pour atteindre les cibles. Les principales sources d’énergies renouvelables sont le solaire, l’éolien, la biomasse, la géothermie et l’hydraulique.

Au Québec, non seulement l’hydroélectricité domine, mais la biomasse est en forte expansion en raison de l’industrie forestière prédominante. L’éolien et le solaire sont également à ne pas négliger. Bien qu’encore émergentes, ces deux sources d’énergie ont leur place ici. Du point de vue des sources d’énergie, le Québec est privilégié, les plus grands efforts pour atteindre les cibles du Défi 2030 se situant à un autre niveau, soit dans la conception des bâtiments.

La conception des bâtiments

La façon de concevoir les bâtiments peut faire une différence importante pour atteindre l’objectif ultime afin que tous les bâtiments construits soient carboneutres d’ici 2030. Le simple fait de s’attarder à l’orientation de l’habitation et d’étudier le positionnement de la fenestration pour profiter de l’éclairage et de la ventilation naturels, ainsi que de prendre en considération le solaire passif pour le chauffage et la climatisation, permet de diminuer de 70 à 80 % l’empreinte carbone du bâtiment. Cela dit, construire pour durer ou privilégier la rénovation d’un bâtiment existant au lieu de construire des habitations neuves demeure sans contredit le principe de base.

Dans la conception, le choix des matériaux prend une place importante. Plusieurs stratégies existent pour faire des choix sensés qui contribueront à relever le Défi 2030. Comprendre la région dans laquelle on construit et spécifier des matériaux adaptés au climat qui réagiront adéquatement aux variations de température excessives et à l’humidité, ou encore à la sécheresse et aux rayons ultra-violets, sont des aspects importants qui permettront d’assurer la durabilité du bâtiment.

Spécifier des matériaux faibles en carbone, fabriqués avec des énergies renouvelables ou encore dont le transport est faible en émission de carbone, comme le bateau ou le train, sont des pistes tout aussi intéressantes. Aujourd’hui, la plupart des manufacturiers fournissent une déclaration environnementale de produit (DEP). Il est donc facile de connaître les ingrédients, la provenance et le processus de fabrication des matériaux sélectionnés.

Dans les constructions standards d’aujourd’hui, certains matériaux sont récurrents et sont utilisés par habitude. Qu’est-ce qui se cache derrière ces matériaux? Contribuent-ils à la réduction des GES ou, au contraire, favorisent-ils leur émission? Voici quelques faits intéressants à savoir, qui sauront certainement susciter des réflexions et influencer certains choix.

Beaucoup de chemin reste à faire pour atteindre le fil d’arrivée avec succès, les efforts de l’industrie de la construction sont incontournables. Le Défi 2030, c’est bien plus qu’une idéologie verte pour se donner une bonne conscience environnementale. Le Défi 2030, c’est littéralement prendre le problème et le transformer en solution.

Tableau matériaux prédominants dans un bâtiment
Tableau matériaux prédominants dans un bâtiment

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Marie-Pier Germain

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