Ah, les fenêtres! Il s’agit d’un sujet récurrent, mais combien complexe, en plus d’être la source de nombreuses plaintes de la part des consommateurs…
Élément architectural essentiel pour toute construction habitée, les fenêtres occupent une proportion importante des budgets de construction. Et les acheteurs en veulent pour leur argent, avec raison.
Les fenêtres ont une importance cruciale dans une habitation. Elles doivent apporter de la lumière naturelle, permettre une ventilation, résister aux intempéries (vent, pluie) et aux intrusions (voleurs et insectes). En fait, les fenêtres sont soumises à des conditions extrêmes, ce qui engendre des effets de dilatation-contraction simultanés pour certains matériaux. En février, par exemple, il peut y avoir des écarts de température oscillant a près des 40 °C entre son côté chaud et son côté froid.
Normes en matière de fabrication
Avec autant de modèles de fenêtres, de matériaux disponibles et de nouvelles technologies, il est faux de dire que toutes les fenêtres se ressemblent. Dans ce contexte, comment faire pour s’assurer d’installer un produit conçu et construit pour la maison de notre client (exposition aux vents, a la pluie, etc.), de même que pour le climat qui caractérise sa localité?
Afin d’être en mesure de comparer des pommes avec des pommes, la fabrication des fenêtres est normalisée à l’échelle nord-américaine.
Avec l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) qui a laissé sa place à l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), les trois pays avaient besoin de normes de fabrication communes afin de faciliter la circulation des produits de fenêtres de l’autre cote des frontières. C’est pourquoi la fabrication des fenêtres doit être effectuée selon la norme NAFS (North American Fenestration Standard) ou, en français, la Norme nord-américaine sur les fenêtres.
Si la norme uniformisée permet d’ouvrir plus de marches aux manufacturiers canadiens, elle ouvre également le marché a des produits provenant du sud qui peuvent être mal adaptes à notre climat. Le seul fait d’être homologuée ne certifie pas que la fenêtre assure une performance d’assez bonne qualité. Par exemple, une fenêtre prévue pour une installation en Arizona n’aura pas à subir la même quantité de précipitations qu’une fenêtre de mêmes dimensions au Québec. La certification EnergyStar est un gage d’un produit performant en matière énergétique. Une fenêtre portant l’homologation EnergyStar n’est pas nécessairement assez performante sur le plan énergétique partout sur la terre. Il faut s’assurer qu’elle est installée dans la bonne zone climatique. Une fenêtre EnergyStar zone 1 performera suffisamment bien à Vancouver, mais sera sujette à de la condensation excessive à Montréal, qui est située en zone 2.
Classes d’utilisation
La nouvelle norme a répertorié quatre classes d’utilisation (ou classes de performance) qui caractérisent chaque assemblage de fenêtre. Lorsqu’une fenêtre est classée dans une classe d’utilisation répondant aux besoins d’un chantier, le produit est réputé être en mesure de bien performer sur le plan de l’étanchéité a l’air, de la résistance à l’infiltration d’eau, de l’intrusion, de la force requise pour manœuvrer la fenêtre, de la déflexion maximale et de la résistance aux charges. Il est ainsi beaucoup plus facile de s’assurer de la conformité de la fenêtre.
Les quatre classes d’utilisation (ou classes de performance) sont les suivantes :
R pour Residential(résidentiel)
Cette catégorie est la classe la moins rigoureuse. Elle comporte les produits généralement utilisés dans les habitations unifamiliales et bifamiliales. Elle ne devrait pas être utilisée sur des bâtiments de plus de deux étages. Donc, ce type de fenêtre devrait être limité aux maisons, aux maisons jumelées, aux maisons de villes et aux immeubles à logements de deux étages maximum.
CW pour Commercial window(commercial)
Cette catégorie comporte les produits généralement utilisés dans des bâtiments bas et de moyenne hauteur où des produits de dimensions supérieures seront utilisés et où les charges imposées, les limites quant à la déflexion et les charges d’utilisation seront plus élevées.
LC pour Light commercial(commercial léger)
Cette catégorie est généralement utilisée dans les habitations multifamiliales basses et de moyenne hauteur et les autres bâtiments où des produits de dimensions supérieures seront utilisés et où les charges imposées seront plus élevées. Cette catégorie pourrait être utilisée pour tous les bâtiments de la classe R ainsi que pour des fenêtres de plus grande dimension et les immeubles de trois étages.
AW pour Architectural window(fenêtre architecturale)
Il s’agit de la classe la plus rigoureuse. Elle inclut les produits généralement utilisés dans des bâtiments de grande et de moyenne hauteurs afin de satisfaire aux charges et aux limites quant à la déflexion élevée, et dans des bâtiments où les produits de fenestration feront l’objet d’un usage fréquent et extrême.
La catégorie de performance spécifiée est valable également pour les catégories inférieures. Par exemple, un produit classe sous la catégorie R peut seulement être utilisé dans des projets Residential, tandis qu’un produit classe CW peut être utilisé dans des projets Commercial Window, Light Commercial et Residential.
D’une catégorie à l’autre, il y a de légères différences dans la façon de tester l’échantillon, les prochaines étapes en feront mention.
Conformité des fenêtres
Finalement, les échantillons de fenêtres testés d’après la nouvelle norme permettront d’éliminer certaines problématiques du passé. Anciennement, un échantillon d’une dimension spécifiée était testé et l’on extrapolait les résultats selon les dimensions demandées pour chaque projet. Or, cette façon de faire était souvent problématique pour les grandes baies, particulièrement lorsqu’elles étaient de couleur foncée.
Maintenant, les manufacturiers doivent faire tester les fenêtres de la plus grande dimension qu’ils vont fabriquer et seules les fenêtres de même dimension ou plus petites peuvent être vendues. Cette dimension maximale de fenêtre testée doit être indiquée sur l’étiquette de la fenêtre. Si la fenêtre est plus grande que ce qui est inscrit sur l’étiquette, c’est que la fenêtre n’est pas conforme.
Sachant cela, il est maintenant facile de s’assurer de la conformité des fenêtres livrées sur les chantiers en vérifiant trois éléments faciles à repérer sur les étiquettes.
Voici les éléments à vérifier pour s’assurer de la conformité des fenêtres :
- L’entrepreneur doit valider la zone EnergyStar (s’il s’agit d’une fenêtre EnergyStar)
Au Québec, nous avons deux zones. La zone 2, qui couvre la section « sud » du Québec, et la zone 3, qui couvre les villes ou le nombre de degrés-jour sous 18 °C est supérieur à 6 000. Une fenêtre de zone 3 peut être installée dans la zone 2, mais pas le contraire. - La classe de performance
Il est important de s’assurer que la classe de performance de la fenêtre correspond bien au bâtiment. - La dimension maximale qui a été testée
Ainsi, si nous sommes dans un immeuble de trois étages avec six unités en copropriété, cette fenêtre ne serait pas le bon produit puisqu’elle est de classe R. Il aurait été requis d’avoir une fenêtre de classe LC, CW ou AW. Également, si la fenêtre a une dimension supérieure à 28 po x 63 po, il s’agit d’un format non acceptable, car jamais testé en laboratoire.
Un entrepreneur compétent et consciencieux se doit de valider ces éléments de base avant de faire l’installation, car un produit non conforme pour l’usage demande n’est pas acceptable.