Lois et règlements

Introduction aux matériaux biosourcés

Écrit par Marie-Pier Germain

Le secteur de l’habitation est au cœur des enjeux du développement durable. De plus en plus, la construction et la rénovation des bâtiments doivent se faire de façon écoresponsable. Mais pour y arriver, il est indispensable de considérer l’ensemble de l’ouvrage.

Cela se traduit par la construction et la rénovation des bâtiments qui consomment moins d’énergie, et dont les impacts sur les changements climatiques sont diminués tout au long de leur cycle de vie. Le choix des matériaux peut faire une grande différence entre un projet traditionnel et un projet vert. Pourquoi ne pas opter pour des matériaux biosourcés?

Qu’est-ce qu’un matériau biosourcé?

Biosourcé, vert, sain, écologique ou écomatériau sont tous des synonymes qui s’appliquent à un matériau de construction qui répond à des critères de base de performance technique, fonctionnelle et architecturale, mais aussi à des critères de performance environnementale et socio-économique, tout au long de leur cycle de vie.

Ce type de matériau est également issu de la biomasse d’origine forestière (le bois et ses dérivés), végétale (le chanvre, la paille, le lin, etc.) ou animale comme la laine de mouton. Il provient, en partie ou en totalité, du vivant ou de matières recyclées comme le papier ou les textiles.

Pour être qualifié de « biosourcé », un matériau doit répondre à trois critères de base : être en mesure de capter et d’emmagasiner du carbone atmosphérique par la photosynthèse, provenir d’une production durable et être biodégradable. Bref, c’est un matériau qui présente très peu de risques pour la santé humaine et les écosystèmes, tant sur le plan de sa production, de sa mise en œuvre et de sa fin de vie, de l’enfouissement ou du recyclage.

Pourquoi opter pour un écomatériau?

Le secteur du bâtiment est en tête de liste des impacts néfastes sur l’environnement. Conséquemment, les matériaux qui les composent ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation de ces impacts puisqu’ils agissent en tout respect de l’environnement et apportent santé et confort aux occupants, par leurs propriétés acoustiques, hygrométriques, thermiques, ou visuelles.

Ce type de matériau peut aussi agir au niveau du développement économique d’une région lorsqu’il est produit localement. Il permet de réduire davantage l’impact de la construction sur l’environnement en limitant son transport entre les étapes de fabrication et de distribution.

Comment utiliser ce type de matériau?

Cycle de vie du matériau
Cycle de vie du matériau

Afin de rendre optimale l’utilisation d’un matériau biosourcé, il est requis de l’intégrer dès la conception du projet. Ce type de matériau peut être utilisé à différentes échelles dans un bâtiment. Que ce soit au niveau structural, thermique ou esthétique, plusieurs écomatériaux trouvent leur place respective et performent bien pour former une construction durable.

Parmi les plus connus, le bois et la ouate de cellulose arrivent en tête de liste. D’autres matériaux comme la laine de mouton, le liège et le chanvre commencent à émerger dans l’industrie et sont appelés à prendre de l’expansion.

Le bois

Arbre


Utilisé depuis très longtemps, le bois est omniprésent dans le milieu québécois de la construction. On le retrouve sous différentes formes  : structurale, revêtement extérieur ou intérieur, boiseries, etc. Polyvalent, issu du milieu forestier, donc renouvelable, il peut contribuer à la création de matériaux complémentaires comme les panneaux de fibre de bois ou la laine de fibre de bois, qui consiste à conditionner les copeaux de bois en vrac offrant des propriétés acoustiques et thermiques. Toutefois, l’utilisation généralisée et non contrôlée du bois pourrait éventuellement mener à la déforestation.

La ouate de cellulose

De plus en plus répandue, la ouate de cellulose est produite à partir de journaux recyclés. On la connaît surtout pour son utilisation en vrac, où elle est appliquée de façon soufflée pour isoler, entre autres, les combles non habités. La ouate de cellulose peut aussi prendre la forme de panneaux semirigides, offrant les mêmes propriétés isolantes que son pendant soufflé. Ce matériau possède également de bonnes propriétés acoustiques, hygrométriques (peut absorber jusqu’à 15 % de son poids en eau) et requiert peu d’énergie lors de sa production. Dépendamment de la qualité de la ouate, ce produit peut émettre des odeurs ou des formaldéhydes provenant des résidus d’encre. Il est donc requis de s’assurer d’utiliser un produit de bonne qualité.

La laine de mouton

Moutons


D’origine animale, la laine de mouton provient de la laine dite « impropre » à l’industrie du textile. En construction, on retrouve la laine de mouton en vrac ou en panneaux. Son application est similaire à celle des isolants plus traditionnels, et ses propriétés sont intéressantes à plusieurs niveaux. En plus d’offrir des performances acoustiques et thermiques enviables, la laine de mouton peut absorber jusqu’à 33 % de son poids en eau, elle est difficilement inflammable et il s’agit d’une ressource renouvelable. Toutefois, son utilisation nécessite un traitement contre les mites, et elle peut dégager une légère odeur.

Le liège

Liège

Provenant du chêne-liège ou des bouchons recyclés, le liège est utilisé en panneaux ou en rouleaux pour l’isolation, l’acoustique ou simplement pour ses caractéristiques esthétiques.

Ce matériau est aussi offert en granulats, qui peuvent être mélangés à du béton pour offrir légèreté et isolation à une dalle de béton. Biodégradable, imputrescible et offrant un bon comportement avec le feu, ce matériau est toutefois très dispendieux et nécessite d’être importé.

Le chanvre

Du côté végétal, le chanvre couvre une panoplie de possibilités. Que ce soit au niveau des mortiers, des enduits, du béton ou de la laine souple, en panneaux semi-rigides ou en vrac, les produits à base de chanvre offrent des propriétés thermiques et acoustiques issues d’une culture locale qui demande peu d’engrais et peu d’eau. Cependant, les temps de séchage de ce type de produit sont généralement plus longs que ceux pour le béton traditionnel, et les produits d’isolation peuvent contenir des retardateurs de feu chimiques.

Les matériaux biosourcés sont certainement une avenue intéressante pour ralentir la croissance des changements climatiques. Cependant, il faut être prudent lorsque vient le temps de choisir des matériaux verts, puisqu’ils peuvent présenter des contraintes quant aux normes incendies, sismiques ou d’accessibilité. Bien qu’ils fassent partie de la solution et qu’ils offrent de nombreux avantages, ces matériaux sont souvent plus coûteux. Il convient de faire des choix éclairés en se basant sur les fiches des manufacturiers, en vérifiant les homologations et en tenant compte des contraintes et des objectifs du projet.

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Marie-Pier Germain

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